Ajustement de la composition de l’actif
Près de 80 % des régimes qui investissent déjà dans des placements alternatifs prévoient augmenter à court terme la pondération d’un ou de plusieurs d’entre eux, contre 72 % l’an dernier.
Comme l’an dernier, environ 60 % des régimes de retraite qui détiennent des placements alternatifs comptent accroître à court terme la part allouée à l’infrastructure ; seulement quelques-uns d’entre eux envisagent de la réduire. En revanche, l’intérêt pour l’immobilier devrait diminuer d’une année sur l’autre, puisqu’un nombre relativement moins important de régimes projettent d’augmenter la part de cette catégorie d’actif (de 53 % à 45 %) et qu’ils sont plus nombreux à envisager de la réduire (de 0 % à 7 %).
Par ailleurs, la demande pour les placements privés et les créances privées semble se raffermir, car sur 12 mois, le nombre de répondants qui envisagent d’en hausser la pondération a grimpé (de 38 % à 47 % et de 38 % à 46 %). Tout comme l’an dernier, les répondants qui s’attendent à modifier la pondération des fonds de couverture et des ressources naturelles, deux options moins populaires, sont relativement peu nombreux.
Modification de la pondération des placements alternatifs

- 80 %
des répondants prévoient augmenter la pondération d’au moins un placement alternatif
- L’immobilier
suscite une demande plus faible*
- Les créances privées et placements privés
enregistrent une demande plus grande*
La tendance à la hausse se maintient
La hausse des pondérations des placements alternatifs au cours de la prochaine année s’inscrit dans la tendance des 15 dernières années, période durant laquelle elles ont plus que triplé dans les régimes de retraite à prestations déterminées canadiens, de 12 % en 2004 à 38 % en 20194
Composition de l'actif des régimes de retraite à prestations déterminées canadiens4

Hausse du télétravail, baisse de la fréquentation des bureaux
L’immobilier demeure le placement alternatif le plus populaire, mais semble perdre un peu de son attrait. Les répondants qui cherchent à réduire leurs placements dans cette catégorie d’actif sont plus nombreux d’une année sur l’autre que ceux qui envisagent d’en augmenter la pondération. Ce choix tient probablement compte de la baisse éventuelle de la fréquentation des bureaux, et, par conséquent, du repli de la demande d’immobilier commercial, qu’entraîne le télétravail durant la pandémie. Cette tendance pourrait se maintenir vu que les entreprises et les employés semblent prêts à combiner télétravail et présence au bureau dans l’avenir.
Boom de l’infrastructure à venir
Les répondants demeurent particulièrement optimistes pour ce qui est de l’infrastructure, car plus de 60 % d’entre eux prévoient augmenter à court terme la part de cette catégorie d’actif ; c’est le placement alternatif qui obtient le pourcentage le plus élevé. Cette progression survient à un moment où les gouvernements du monde entier promettent des investissements massifs dans l’infrastructure pour relancer l’économie après la pandémie, notamment en rénovant les actifs vieillissants dans les pays développés, en produisant de l’électricité et en fournissant de l’eau potable dans les pays émergents, et en répondant à la demande mondiale en matière d’énergies renouvelables et de connectivité. Le besoin est considérable. Ainsi, le centre mondial de coordination en matière d’infrastructure du G20 estime que des investissements de 82 billions de dollars seront requis d’ici 2040 à l’échelle mondiale1.
De son côté, le chef de la direction de l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), le plus important gestionnaire de régimes de retraite au pays, estime qu’une vague de capitaux déferlera dans les actifs réels, y compris l’infrastructure, en raison de la faiblesse structurelle des taux d’intérêt. Il a récemment pressé les gouvernements d’envisager une privatisation des actifs afin de réduire les déficits records attendus après la pandémie de COVID-19. Il a indiqué que l’OIRPC investirait dans l’infrastructure et l’immobilier en dépit des freins que la pandémie pourrait exercer sur les immeubles de bureau et les installations nécessaires au navettage, comme les routes à péage. « Les actifs réels, comme les routes à péage, continuent de nous intéresser, affirme-t-il. Nous comptons en fait investir dans une autre route à péage. » L’OIRPC détient une participation dans l’autoroute à péage 407 du grand Toronto2.
Notons également que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui a un portefeuille de 330 milliards de dollars, a réitéré l’intention du régime de retraite de doubler ses placements en infrastructure, pour le porter à près de 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. L’annonce a été faite après que la CDPQ eut présenté un rendement de -1 % pour son portefeuille d’infrastructure au premier semestre de 2020, contre -11,7 % pour ses actifs immobiliers. Le chef, Infrastructure du gestionnaire du régime a indiqué ce qui suit : « Il nous reste encore plein de transactions à réaliser. Nous voulons un portefeuille diversifié qui génère des rendements en revenu et de la valeur à long terme. La diversification du risque est aussi importante que l’obtention de bons résultats. » Parmi ses investissements en infrastructure, la CDPQ détient une participation de 13 % dans l’aéroport Heathrow de Londres, en plus de financer en partie la construction du Réseau express métropolitain de Montréal, un nouveau projet de système léger sur rail estimé à 6,3 milliards de dollars3.
Hausse des placements privés et des créances privées
Un plus grand nombre de répondants prévoient augmenter leurs placements privés au cours de la prochaine année (de 38 % à 47 % d’une année sur l’autre), confirmant la tendance qui, depuis 10 ans, a vu la part de cette catégorie d’actif doubler en vue d’obtenir des rendements plus élevés (6 % à 12 % des actifs)4. Parmi les avantages des placements privés, on cite souvent la « prime de liquidité », en raison de leur absence des marchés publics, mais d’autres disent que leurs rendements supérieurs pourraient être liés à la complexité ou aux coûts de gouvernance plus élevés plutôt qu’à leur nature illiquide5.
De plus en plus de régimes de retraite augmentent également leur exposition aux créances privées (de 38 % à 46 % d’une année sur l’autre). Il s’agit généralement de titres de créance émis par des sociétés fermées et qui offrent une prime par rapport aux obligations de société compte tenu du peu d’informations publiées et de la moins grande liquidité. Les investisseurs feraient toutefois face à une offre réduite de créances privées de qualité supérieure pouvant leur permettre de rehausser leurs rendements, la pandémie ayant porté un coup à de nombreuses sociétés qui émettent de telles créances6.
Prévoyez-vous inclure les placements alternatifs suivants dans le portefeuille de votre régime dans les douze prochains mois ?

Envisagez-vous de modifier la pondération des placements alternatifs au sein de votre régime au cours des 12 prochains mois ?

- * D’après le nombre de répondants qui envisagent d’augmenter ou de diminuer leurs pondérations de placements alternatifs d’une année sur l’autre.
- 1 The Economist, In the Works, 2 janvier 2021, prix de 2015 en USD
- 2 Financial Post, CPPIB Chief Sees “Wall of Money” Headed to Infrastructure Investments, (le chef de l’OIRPC s’attend à un afflux de fonds dans les infrastructures), 15 décembre 2020
- 3 Infrastructure Investor, CDPQ Plans to Double Infra Portfolio (la CDPQ prévoit doubler son portefeuille d’infrastructure), 15 octobre 2020
- 4 Rapport 2019 sur la composition de l’actif de l’Association canadienne des gestionnaires de caisses de retraite, comme déclaré à la fin de l’année civile, exclusion faite des liquidités et des leviers financiers
- 5 Benefits Canada, Why are Institutional Investors Ramping up Allocations to Private Equity (Pourquoi les investisseurs institutionnels augmentent-ils les placements privés), 20 décembre 2019
- 6 The Globe & Mail, Canadian Pension Funds, Insurers Seeking Private Debt (Les caisses de retraite canadiennes et les assureurs cherchent à investir dans des créances privées), 29 novembre 2020